vendredi 14 décembre 2018

Enjeux fondamentaux de société, avenir des valeurs universelles

Autogestion et sociétés traditionnelles, viabilité moderne du contrat social anarchiste

Dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, la gestion (la gestion des ressources comprenant la définition des buts et des moyens, la répartition des tâches, etc.) repose sur des modalités de discussions ouvertes et de décisions collectives sans enjeux de pouvoirs. Si, dans ce cadre, le charisme individuel distingue parfois les volontés, il ne permet pas de décider des affaires d'autrui, car les modalités de décision ne reposent pas sur la prédominance d'un individu sur un autre, mais sur l'examen collectif.

Je fais référence, par exemple, à l'usage du bâton de parole en Amazonie ; au fait que les Esquimaux ignoraient toute autorité (assimilant celle des Blancs à l'ilara, le charisme de la personne âgée). — Bien des sociétés agricoles ou pastorales aussi avaient initialement ou ont encore leurs espaces de discussion libre et d'autogestion des affaires locales, conseils traditionnels de discussion ouverte et de décision collective ; d'où demeurent à ce jour notamment ceux de Kabylie appelés 3arch. Et, dans le célèbre Printemps Noir de 2001, ces 3arch ont permis à la révolte d'être structurée. Ce type de conseil fut aussi le cas des Sioux Lakota. (Selon certaines études, avant l'arrivée des Blancs en Amérique, ces Autochtones auraient été agriculteurs près des Grands Lacs.) Dans les Plaines, si leur société était celle d'une méritocratie masculine, du moins tous les individus masculins pouvaient s'y hausser par leurs propres mérites, et, au sein même de la vie siouse, cela correspond bien plus à une mise en communauté des décisions plutôt qu'à une structuration décisionnaire hiérarchisée.

Je ne développe même pas les exemples attestés dans l'histoire de républiques anarchistes, qui, sans recours à la contrainte, surent porter un contrat social non léonin mais très avantageux pour tous, et stable, et qui ne reculèrent que parce que combattues par des armadas ; mais ces exemples prouvent la viabilité en soi de l'auto-organisation transposée à l'échelle des sociétés modernes.

Les anarchistes prônent pour cela la liberté d'association et donc de contrat social, l'autonomie des individus et des groupes, une réelle organisation sans hiérarchie (autogestion ou gestion directe), le fédéralisme anarchiste notamment par secteur ou par ensemble géographique, et le mandat impératif. Toute la culture anarchiste est fondamentalement attentive à la meilleure structuration des processus décisionnels, c'est-à-dire sur l'égalité et la liberté pratiques et actives, notamment d'association, sur la discussion libre, sur la recherche du consensus, et sur le mandat impératif qui n'autorise un représentant qu'à être fidèle à son engagement envers son groupe.

Puisque c'est la structure sociale qui produit un type de décisions, la structure sociale est bien plus déterminante que ces décisions proprement dites. Un mouvement de « contestation sociale » même partiellement oublieux de ces questions structurelles si essentielles est donc parfaitement vain. Et c'est une agitation trompeuse (fut-elle enfin récréative) que de critiquer des décisions ou les personnes qui les prennent sans oser repenser la structure sociale même.

Dans les sociétés dites archaïques, de tels cercles de discussion et de décisions autonomes de groupes entiers reposent tous sur des principes de discussion ouverte, de recherche du consensus, de décision collective. Ce sont les fondements véritables de toutes ces civilisations. C'est pour cela que ces sociétés libertaires traditionnelles ont pu durablement gérer l'environnement avant qu'elles ne fussent éventuellement compromises par l'arrivée de notre propre "civilisation" hiérarchisée.

Elles ont pu le faire parce que leur structuration sociale libertaire et les modalités de décisions qui en découlent engendraient mécaniquement des décisions favorables à l'intérêt de tous et conformes aux enjeux environnementaux. Ainsi par exemple les Esquimaux étaient-ils capables de planifier par consensus y compris les naissances. Jared Diamond, dans son essai Effondrment – Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, 2005, montre (en fin de la seconde partie de cet ouvrage) que les habitants de Tikopia ont pu, grâce à leur structure sociale libertaire, débattre d'une question difficile et avoir le courage de prendre et d'appliquer les bonnes décisions (en l'occurrence abattre tous les porcs qui, pourtant, étaient signe de prestige social, mais qui détruisaient l'environnement).

Je parle ici surtout de sociétés traditionnelles relativement limitées en importance géographique ou démocraphique, mais gardons à l'esprit que rien n'empêche une société d'échelle bien plus vaste de se fédérer librement de manière libertaire, et de mieux fonctionner ainsi, comme ce fut par exemple le cas d'une grande partie de l'Espagne en 1936).


Dans toute hiérarchie germe et croît l'iniquité de classe

Bien au contraire, dans les sociétés de masse de notre civilisation dite moderne, 1/ il n'y a pas de liberté d'être ou non parti-prenant du contrat social (ex. on ne peut se soustraire au pouvoir régalien ni à la propriété, par l'effet des monopoles économiques, monétaires, banquiers, territoriaux, légaux, propriétaires, régaliens, etc.), 2/ les décisions intéressant la société sont le fruit d'une élite de fait qui n'a aucune obligation de respecter le moindre programme ni de rendre comptes des décisions (l'élu n'a aucun compte à rendre et exerce son mandant comme il l'entend, quand à l'actionnaire...). Je crois même que le mandat impératif qui le permettrait n'est pas autorisé par la constitution française. Au final, on voit bien que la démocratie représentative n'est de facto pas du tout structurée dans l'intérêt commun, mais dans l'intérêt des élites mêmes. Or nous devons bien inister sur le fait que ce ne sont ni les hommes ni les lois qui sont éventuellement mauvais mais les conditions légales dans lesquelles sont prises les décisions, c'est-à-dire les modalités de ces dernières.

L'élu est en outre de facto un privilégié, il a des droits que d'autres n'ont pas du seul fait par exemple des avantages dont il jouit. Surtout, nonobstant le respect des lois, il a essentiellement le droit de décider comme il lui semble et sans avoir besoin d'en rendre compte. Or c'est humain, et par conséquent moralement excusable, que quiconque soit ainsi promu au-dessus du commun des mortels finisse par s'identifier à une « classe supérieure », même sans oser encore l'avouer publiquement. Il n'est que de voir comme la très grande majorité des célébrités ne s'invitent couramment qu'entre elles, et n'ont soucis que de leurs pairs.

(Pour prendre un simple exemple : ce journaliste sahoudien assassiné devait être suffisamment célèbre pour que son assassinat déclenchât l'indignation internationalement médiatisée contre le prince sahoudien qui ordonna ce crime lâche. Mais je crois bien que très peu d'instants télévisés aient jamais été consacrés aux innombrables victimes innocentes publiquement décapitées au sabre dans le même royaume au nom du comportement modèle prôné par le Coran.)

Ainsi, pour en revenir aux élites, du fait de leur condition qui semble extraordinaire, elles mènent (en bonne logique) leur propre train en oubliant la « base » réduite à leur simple soutien. Et l'être humain de « base », c'est-à-dire celui que la structure sociale hiérarchisée a réduit à n'être qu'un simple quidam, n'existe-t-il jamais pour l'élite que comme simple moyen de sa puissance, et ce, transitoirement, momentanément, circonstanciellement. Et si parfois les manants osent se rappeler trop bruyamment aux demi-dieux, ces derniers trouveront cela inapproprié sinon vulgaire. Voyez où l'on en est.

Allons plus loin : l'homme politique, porté aux nues par la crédulité des supporters, finit tôt ou tard par accorder à son tour le plus de crédit aux dires des plus puissants que lui. Il se montrera fatalement plus intraitable avec ses subordonnés, et bien plus perméable aux arguments des plus hauts placés que lui, au point de céder à leurs vues et à leurs demandes, et d'oublier les promesses qu'il accordât aux populations. On n'explique pas autrement que l'état renonce ainsi son pouvoir entier aux multinationales. L'on n'a plus guère les pieds sur terre à force de regarder en l'air. Ces gouvernants doivent imaginer qu'en créant des groupes surpuissants ils valorisent le pays ? (D'ailleurs, en Europe, plus une entreprise est grosse, moins elle paie d'impôt.) Je ne saurais en être certain, mais je ne vois pas d'autre explication à cette espèce d'abdication, de collaboration, de sape, de sabotage de toute idée de république, quand on sait à quels esclavages et quelles défortestations se livrent en conciliabules opaques ces mêmes multinationales dans le monde, et que les cent plus grandes multinationales sont par exemple à elles seules responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. (Attac a notamment dénoncé le fait que l'augmentation des rejets de gaz à effet de serre était le fait des entreprises du CAC40, voir Le Monde, 20 janvier 2019.)


Mais repensez donc la structure sociale elle-même, au lieu de courrir derrière ses effets

Mais, pour en revenir à la « contestation sociale » telle qu'elle s'exprime actuellement, elle n'a pas assez cette lucidité pourtant indispensable de repenser la structure sociale. Or il est trop facile, bien trop simpliste, de simplement condamner des décisions et des individus, fussent-ils même tout opposés à l'intérêt de tous.

(Certes, le Capital détruit les ressources naturelles et ses décisionnaires vouent toute l'humanité aux plus terribles malheurs, lesquels ne manqueront pas d'arriver du fait du pillage et de la destruction, par ce même Capital, de toutes les ressources naturelles. Ils ont en cela une responsabilité morale. Mais enfin, un jugement seulement moral n'a pas l'importance d'une restructuration sociale qui puisse mettre fin au pouvoir comme au Capital en tant que modes de fonctionnement sociétal.)

Et condamner moralement les décisions ou leurs auteurs n'apporte rien, puisque ces phénomènes sont simplement le fruit, le résultat proprement dit, de la structure décisionnelle (la structure de gestion collectivement appliquée, la forme même de la république). Il est inepte et même pathologique, de se contenter de critiquer des personnalités ou de contester simplement des décisions, quand ces personnes ainsi que les grandes décisions seraient bien autres si la structure sociale elle-même était toute différente. Pathologique, d'oublier systématiquement de considérer cette même structure sociale inadaptée, quand c'est précisément elle qui engendre mécaniquement tant de décisions inapropriées à l'intérêt commun. Et c'est au contraire un devoir que de mettre l'accent premier sur la structuration des processus de décision : « Qui décide, À quel niveau et Comment… », afin qu'elles soient engendrées de manière conforme à l'intérêt de tous.

Mais d'aucuns croient naïvement que c'est au public d'abord (et donc au public seul) de « sauver la planète » à l'aide des petits riens de tous les jours, ces petits choix très limités, si pauvres en prérogatives comme en effets, de consommation individuelle, quand c'est sa direction entière qu'il faudrait abolir, quand ce sont les grandes décisions dont il faudrait structurer tout autrement le cadre même.

Juger moralement autrui n'a réellement aucun intérêt, puisque l'origine du problème et son remède sont précisément la structure sociale de la décision.


De pouvoir ou non dialoguer

Il est vrai que l'autogestion n'est possible que dans le partage d'un intérêt commun et d'une même condition des intéressés. Cela suppose entre autres, comme on l'a dit, la liberté entière d'association, c'est-à-dire de contrat social. Cela suppose que des enjeux ne soient pas captés et opposés entre les uns et les autres. Ente autres, il y faut l'abolition du pouvoir et de la propriété.

Notons d'ailleurs que la liberté d'association concernant le contrat social est dans l'intérêt de tous les individus en fait, y compris ceux qui appartiennent actuellement aux élites : n'est-ce pas l'humanité dans son ensemble qui est actuellement prisonnière d'un monde de plus en plus cruel, qui tourne le dos à tout ce qui fait réellement un être humain ? N'est-ce pas que l'intérêt de notre espèce est de garantir un monde demeurant viable pour nos futurs descendants ? Tout individu sensé veut naturellement apporter « sa pierre à l'édifice ». Il y a une part vraiment généreuse essentielle en l'immense majorité des individus, et elle ne demande qu'à éclore. Le pouvoir sert simplement à empêcher cette volonté de s'assembler pour agir. Même les élites peuvent comprendre que le principe d'humanité est une meilleure structuration des modalités et des processus de décision pour que les décisions soient sincèrement dans l'intérêt commun, qu'il s'agisse d'un village, d'une région, d'un secteur d'activité, voire de notre espèce. Songeons que sans amour, nous n'aurions jamais existé, et que nous sommes redevables de générosité envers nos descendants.

Et c'est un bien, que de pouvoir, entre individus, discuter et critiquer de toute chose, dans une démarche constructive et sans a priori. Une discussion ouverte est vraiment un des moyens essentiels d'une construction collective qui puisse s'affranchir de la domination. Et une société authentiquement communiste (au sens anti-autoritaire) doit évidemment reposer notamment sur ce principe de discussion ouverte. Que nul ne soit considéré comme un ennemi du seul fait de n'être pas d'accord. Car ce que nous pouvons juger sont les idéologies, par la critique, et pour la liberté, et non moralement les individus qui les portent souvent à leur détriment et qui ne sont nullement réductibles à des adhésions.

Cela n'empêche pas que nous devrions toujours combattre, par la critique, et pour la liberté, les idéologies totalitaires sur le terrain des idées ; non pas être simplement contre, mais les démonter au nom et au regard des idées anti-autoritaires telles que l'humanisme, la république, etc. (NB : L'on parle ici de république au sens principiel et large ; celle des anarchistes est affranchie de tout principe autoritaire.)

Il s'est répandu une haine véritable entre des Français de souche et des personnes issues de l'Immigration. Comment cela a-t-il donc commencé et où cela va-t-il dorénavant ?

Sans doute, dans cette affaire, la première offense faite au respect humain et au droit de la personne a été le colonialisme, l’exploitation éhontée des colonisés, le racisme à l’encontre des sociétés traditionnelles comme des individus notamment d’Afrique. Comme il est incroyable qu’au XXIe siècle d’aucuns puissent encore penser en terme de races et non d’individu humain. (Malgré tout les années 70 et 80 étaient encore assez progressistes pour les populations issues de l’immigration afin qu’elles commencent à se libérer du patriarcat autant que de pouvoir se sentir en voie d’intégration.) Et cela continue de discriminer à l'embauche ou à la location. (De là peut-être aussi la conduite d'«  assistés » de certain dont on exagère l'avantage.)

Or si l’on stigmatise une population, il ne faut pas s’étonner qu’elle tende plutôt à se sentir elle-même distincte et à s’identifier avec des valeurs collectives niant relativement l’individu. En France, les idées fascistes sont le fruit de cette même généralisation niant l’individu. L’ « identité » n’est que l’idem, le même, niant l’individu, et sa valeur et son possible. Or on sait toute la propagande sournoisement identitaire opérée par les médias et les politiques depuis des décennies, comme elle confine à une insulte intolérable quand on mesure ses effets par la montée du racisme. Beaucoup d’Arabes ne se distinguent aucunement de cette tendance nationale identitaire et raciste en optant pour le radicalisme religieux. En fait, l’un et l’autre radicalisme sont symétriquement jumeaux et négateurs des vérités fraternelles.

L’élitisme, qu’il soit ou non fasciste, a, en France, regardé trop systématiquement les Arabes comme un ensemble à part et voulu croire que sa meilleure nature était l’islam. La religion ne sert qu’à neutraliser des spontanéités trop créatives et innovantes pour les élites. « On » ne veut visiblement pas de variété, de nouveauté, de créativité, « on » veut pouvoir contrôler une masse rangée dans deux ou trois grandes catégories bien soumise chacune. L’individualité véritable, elle, est affranchie de l’ordre identitaire, autoritaire et religieux, l’individualité véritable est la liberté, la spontanéité comme la diversité culturelle authentique, et cela les élites n’en veulent surtout pas. Il est bien plus « révolutionnaire » d’aspirer à liberté qu’à la soumission, l’identité, la religion. Le racisme consiste à rejeter l’individu en caressant dans le sens du poil l’idéologie qui le nie et le met en rang. Et vous aurez compris l’incroyable complicité qui prête à l’islam un visage si ordonné. Le vrai racisme, c’est en fait de ne pas juger les Musulmans dignes d’entendement, de ne pas les juger accessibles à la critique d’une idéologie. Car critiquer l’idéologie c’est respecter l’individu, et cela les élites en sont incapables.

Si la France était vraiment un pays de liberté, elle accorderait une audience aux vraies diversités (qui résistent aussi aux Maghreb), celles qui assumant les vraies valeurs d’Afrique du Nord, combattent le radicalisme, et non au seul islam oriental des Frères Musulmans qu’elle saurait empêcher au nom des valeurs républicaines contre lesquelles celui-ci est combattant. La république est d’autant plus mise à mal qu’elle laisse des mosquées être financées par le Qatar et n’encadre pas les prêches. Pourtant, cet encadrement strict est la norme même des pays musulmans afin de lutter contre le terrorisme.

Donc on voit l’instrumentalisation, par les médias, de l’idée de diversité pour mieux soumettre à un ordre établi. Mais ce que ne comprennent pas les élites, c’est que le projet de l’islam qu’ils favorisent est le califat et non la république. Ce n’est même pas un islam pluraliste ou un tant soit peu spirituel. De très nombreuses personnalités dénoncent ce parti-pris pour l’islam des Frères Musulmans financé par le Qatar. « On » fait taire les humanistes qui critiquent ou relativisent l’idéologie mais qui respectent les Musulmans ; « on » dévoie ainsi la religion hors du champ spirituel ; « on » laisse aussi le champ à l’extrême-droite de « résister » à sa manière contre la radicalisation. Ce suicide « républicain », constamment dénoncé par nombre d’écrivains, de militants humanistes, c’est pourtant celui que les élites opèrent au nom de la liberté. Ne comprennent-ils pas que défendre la république, c’est défendre des valeurs universelles que tous et toutes peuvent entendre ? Mais il est vrai que l’élitisme est incapable de gérer correctement quoi que ce soit.

Ce n’est pas le propos de prôner une religion tolérante, les religions ne le sont pas dans leur lettre. Leurs textes soi-disant sacrés contiennent un nombre trop élevé d’appels à l’intolérance. Les deux religions majoritaires sont en partie des idéologies de conquête mondiale et refusent toute altérité. Mais du moins il est toujours possible au croyant d’opter pour une spiritualité qui contextualise et distancie les Écritures quelles qu’elles soient. Cette spiritualité s’offre toujours par les versets ouverts comme est est niée par les versets fermés. Il y a ainsi plusieurs possibilités d’être croyant. Toutefois, dans leur globalité, ces religions sont réactionnaire, étant par exemple scandaleusement les plus violentes contre le Mariage Pour Tous alors même que celui-ci n’ôte absolument rien à leur existence. Le flou des textes sacrés encourage par lui-même le caractère morbide, opposé aux pulsions vitales, ainsi que le caractère uniformisateur, des religions. C’est pour cela que la laïcité est ce qui empêche les religions de s’entre-déchirer comme de ruiner la république. C’est pour cela que la critique objective des religions, critique documentée car des principes erronés de ces religions, est une mission essentielle des républicains pour combattre l’obscurantisme et l’inhumanité.

Mais si l'on combat non ce dessein totalitaire mais l'Étranger qui peut-être le fuit ; mais si l'on abandonne au contraire au message religieux un espace public, on peut annoncer pour bientôt la fin prochaine des fondements de la république.

Avec leur verbiage dictatorial, la Bible et le Coran sont des messages ennemis du progrès, car ce sont des « révélations », ce sont, dans la lettre, des programme de conquête mondiale qui visent à contraindre et à soumettre sans exception tout le monde, et nullement des messages solubles dans la modernité ni dans l'universel.

Le texte n'est évidemment pas l'individu. Par exemple, il y a d'abord des habitudes simplement culturelles, non dogmatiques, qui maintiennent les populations à des références religieuses, sans pour autant s'agir de références à la lettre, mais plutôt d'occasions festives. Et puis, bien entendu, on peut être personnellement un chrétien ou un mulsulman spirituel, éclairé, épris de valeurs généreuses, de coexistence, d'humanisme, de liberté, etc., mais, soyons impartiaux, non par accord mais par contradition avec la lettre, par violation d'une partie du texte. Mais si le texte prétend à constituer la référence première, alors le meilleur risque éventuellement de cautionner le pire. Mais bref, quoiqu'il en soit, de toutes façons, il ne s'agit nullement d'interdire un culte privé, ni de s'en prendre aux gens en raison de leur seule religion !, mais du simple devoir impartial et neutre de critiquer pour elle-même toute idéologie abusive et contraire à l'intérêt de tous. Car tout message tel est critiquable quel qu'il soit, et sa critique sert l'humanité.

Or, tous les embrigadés, qu'ils soient de l'extrême-droite, ou du racisme ordinaire, ou de la religion prétendue « tolérante » (sic !) — c'est exactement du pareil au même puisque tous ces mots d'ordre sont idéologiquement tous anti-humain — combattent et méprisent « la gueuse laïcarde » ou bien les « mécréants ». Leur vocation totalitaire est de détruire quiconque diverge de leur projet d'uniformité. Dès lors qu'il jouissent d'une assise populaire suffisante, leurs extrémistes s'en prennent physiquement aux populations civiles, tout comme aux tenants de l'Idée de l'Être humain et de la Liberté. Et à en croire leur lubie irrationnelle et névrotique, par exemple les Juifs et les Homosexuels sont une « menace » !

C'est l'intérêt de tous, ce sont les valeurs universelles de l'Être humain et de la Liberté, qui définissent la lutte contre toutes les intolérances, et celle pour la libération commune des prolétaires.


Origine du terrorisme intellectuel: diviser pour régner

Durant les « trente glorieuses », les tensions sociales étaient aussi présentes, elles illustraient les différences sociales : l'ordre moral patriarclal, etc ; mais, du moins, les mentalités semblaient évoluer vers davantage d'ouverture. Mais, depuis les années 80 environs, les mentalités de l'ensemble des masses se ferment toujours peu à peu davantage. On assiste à l'émergence de toutes sortes d'intolérances des petits uns contre les petits autres. (Pendant ce temps, le pouvoir de la finance s'accroît à mesure.)

C'est ainsi qu'entre autres François Miterrand, a popularisé (1982) le concept de « seuil de tolérance » (sic) en désignant des Immigrés. (Il a ensuite fait amende honorable, mais en vérité le propos était clair et le personnage, retors, intelligent, devait être conscient de ce qu'il formulait.) Le même a d'ailleurs prescrit aux directions télévisées de s'ouvrir à l'extrême-droite (1984), et a voulu la proportionnelle (1985), afin de faire basculer le paysage politique dans une polarité gauche-extrême-droite. (On parle donc d'une stratégie délibérée, CF Wikipedia / François Mitterrand et l'extrême droite…) Il se dit aussi que bien des maires de gauche, mais aussi parfois de droite, ont financé des associations cultuelles et continuent de financer directement ou non des mosquées. Donc à leurs yeux, la religion serait garante de la paix sociale. Sont-ils pleinement conscients, ces hommes politiques et ces élus, de ce qu'annoncent les catégorisations opérées au détriment même des populations ? Mais qu'est-ce qu'annonce le communauitarisme, sinon la fin de la liberté de l'individu ? Est-ce la laïcité qui doit céder honteusement au culte pour y chercher des votes ?

Un racisme bizarre, un véritable calibrage orchestré, regarde l'Immigré comme seulement musulman — alors même que l'Afrique et l'Orient ont bien d'autres cultures, fussent-elles de résistance et voulant là-bas, contre l'obscurantisme, le renfors de l'héritage traditionnel pluriel et autonome, ou bien de l'idéal républicain encore velléitaire —. Comme si l'on devait confondre individu et idéologie. Comme si nous n'étions pas tous des êtres humains accessibles aux valeurs universelles. Comme si ces valeurs universelles n'étaient plus rien, n'étaient plus nos repères indispensables. Et l'on voudrait accorder un espace public à une religion qui, dans le texte, en nie précisément le bien ; qui, dans le texte, est opposée à l'intérêt commun. C'est ainsi que l'on voue le monde à l'imposture identitaire et religieuse. C'est ainsi que l'on veut les gens soumis à un ordre établi. Et visiblement la finance aime la religion, car elle lui procure des esclaves divisés entre eux. Voilà donc le calcul d'une classe politique désormais en divorce d'avec les valeurs de la république.

Disons que toute une classe politique a de fait promu ou instrumentalisé, par faiblesse et calcul, toutes les forces totalitaires qui aujourd'hui menacent gravement la société française : l'extrême-droite et le racisme, sans oublier aussi la religion. Il en résulte aujourd'hui la montée, même au sein des masses, des intolérances fondées sur des positionnements totalitaires. Il en résulte les « identités » communautaires, il en résulte le marchandage contre-nature et létal entre la république et ses ennemis mortels. Toute cette complicité est une vraie trahison, une imposture déguisée en partis et en mandats électoraux. Mais tout principe de hiérarchie dérégulée confine un jour à des extrêmes puis à la guerre civile. Le dessein des puissants est donc de partager le gâteau par le sang des populations civiles… Il est certain que, dans ce cadre nouveau, un Idéal généreux et universel, aussi puissant et fécond soit-il en lui-même, est un obstacle évident à toute prédation ; et c'est pourquoi le nouvel ordre le dénigre et le neutralise à toutes fins, et qu'il veut faire passer les humanistes pour des benêts et des complices du « côté ennemi ».

Et comment cela mène-t-il à la violence ? C'est qu'en détruisant les idées, le pouvoir veut contraindre l'insurrection à la violence, quand elle aurait, sinon, les moyens pacifiques pour œuvre, la vérité et la justice pour « armes » essentielles, la puissance de l'Idéal universel. Et la provocation à la violence est en réalité surtout le fait de l'état, CF l'article de Basta du 10 décembre 2018 : 3300 arrestations, 1052 blessés, un coma, un décès : l’engrenage d’une répression toujours plus brutale".

Depuis des décennies, il s'est agi, pour la classe financière, politique, médiatique, de développer des oppositions binaires. Le binarisme des petits uns contre les petits autres. Ce sera par exemple, selon le prêche extrémiste de Milton Friedman et des néo-libéraux, le « contribuable » contre l'« assisté »…, etc. Le but est très clairement que les esclaves que nous sommes de l'oligarchie financière ne fassent que se chercher querelle les uns les autres sans pouvoir s'unir contre ces véritables dirigeants qui sont les maîtres actionnaires. Niveler par le bas pour asservir à l'extrême.

Les financiers, eux, ne font l'objet d'aucune contestation massive. Tout au plus les gens disent-ils leur désaveu du pouvoir politique. Ils en oublient les actionnaires anonymes qui eux se cachent derrière chaque cent d'euro. Diviser pour régner. Apparemment cela marche bien. Or chaque cent d'euro est un pouvoir d'un individu sur un autre, un pouvoir décidément essentiel, premier et absolu, mais jamais dénoncé. On n'entend quasiment personne dénoncer l'argent-dette par exemple. C'est effarant, que les modalités du pouvoir le plus puissant soient ainsi les moins bien connues et les moins objet de contestation. Effarant, que l'état leur abandonne autant de pouvoir sans que la masse y redise. Elle regarde de travers la majorité du moment. Et puis c'est tout.

Diviser pour régner, nous infantiliser, nous détourner des vraies questions, nous plonger dans l'intolérance, pour que le prolétaire s'entre-déchire sous l'égide mortelle des forces de l'argent et de son garde-chiourme régalien.


Affaiblir les valeurs républicaines, c'est vendre le pays aux extrémistes

Refuser de contrer les idélogies obscurantistes, et vouer le pays à la finance sans conteste, c'est abandonner, par démission complice, tout le champ de ces problèmes à l'extrémisme. — Alors même que c'est au principe républicain et laïc (et pour les anarchistes aux populations elles-mêmes qui veulent gérer ces affaires), de traiter des enjeux, et de pouvoir y répondre effectivement, humainement. — Mais si cet abandon est réalisé, l'extrémisme s'empresse aussitôt de tout reformuler à son seul avantage, ce qui entrave toute solution républicaine, toute justice possible, tout examen et tout dialogue sains sur ces mêmes enjeux. La seule lutte contre l'extrémisme, c'est les principes qui s'y opposent et qui, en vrai, ont une force solidaire bien supérieure à tout antagonisme.

Dès lors que s'affaiblit autant le champ républicain, s'annonce un jour la fin de la république elle-même. C'est par exemple ce qu'a montré l'histoire allemande. Si les hommes politiques ont à présent une telle lâcheté, il se trouvera cependant toujours, comme l'histoire l'a montré aussi, des anarchistes pour combattre le fléau de toute dictature comme de toute injustice et de toute oppression. Les anarchistes n'ont jamais démérité de leurs principes qui sont pour eux fondamentaux et à jamais exempts de tout calcul.

Tout le calcul a consisté à remettre de plus en plus de prérogatives aux extrêmes, à les laisser grignoter soit l'électorat, soit les médias, soit des finacements, et l'espace public entier ; tout le calcul a consisté à abandonner aux extrêmes des pans entiers du débat et de plus en plus de moyens. Et on en voit le résultat : toute cette haine, et toute cette infraternité, tant d'agressions et de menaces contre de simples personnes, alors que les idées mortifères foisonnent, avec en même temps la toute puissance des multinationales. Voilà, voilà le résultat, déjà, d'avoir ainsi affaibli la raison face au slogan. Et donner le pouvoir aux multinationales, c'est vraiment condamner la Biosphère.


L'avenir est à l'humanisme, à la parole populaire et à l'apport possible de chacun

Les humanistes (au sens large) dont je fais partie (ceci au nom du véritable humanisme issu de la Renaissance et enrichi depuis, et non du soi-disant « M.H. ») ne veulent pas renoncer à l'ouverture aux êtres humains eux-mêmes ; ils savent, sentent, qu'il faut privilégier, quand c'est possible, le rapport humain aux divergences. Ils garderont la conviction de l'importance de pouvoir discuter, quand c'est possible, de tout, sans se fermer ni sans se couper la parole. Ils savent que nous sommes tous des êtres humains à l'origine sensibles et pouvant le rester ou, à défaut, peut-être, qui sait, le redevenir. Tout cela ne fait pas des humanistes des benêts qui imaginent naïvement que les idéologies soient toujours justifiées, ni que les individus, français ou étrangers, soient toujours bons, bien au contraire. Mais c'est au nom de l'Individu universel que l'on peut combattre le mal : l'« identité » qui cherche à abolir l'Individu.

Mais il faut bien avouer que, dans la déliquescence actuelle du sens humain au sens large, la tendance est plutôt à l'affrontement non seulement entre chapelles mais entre les individus. À l'intolérance d'autres manières de penser et de vivre.

On le voit, quand les gens se coupent la parole et ne s'écoutent plus, voire s'insultent au lieu de débattre. D'ailleurs, quand on débat, souvent, l'on croit avoir une « opinion » personnelle, mais elle n'est que la copie d'une des « opinions » déjà formulées par les grands diffuseurs, ces médias dominants télévisés et ces canaux dominants et centralisés de l'Internet. Une fois balisé ainsi, le dialogue entre individus devient quasiment impossible.

Il faudrait s'affranchir de toute « opinion », c'est-à-dire de tous les prêts-à-penser, de tous les raccourcis, de toutes les propagandes ordinaires tant promues par les grands diffuseurs des communications. Ces grands diffuseurs centralisés : télévision, Youtube, etc., ne travaillent que pour l'audience et le retentissement, pour la nuit du fascisme et non pour l'avenir : c'est en canalisant tout un public sur des rails idéologiques qu'ils le fidélisent, ce qui accroît les recettes publicitaires : abrutir afin d'exploiter. Oui, il faudrait, pour commencer, ne plus souffrir la structure même de tous ces grands diffuseurs centralisés, toute la mise sournoise en opinions (et non pas en idées) qu'ils effectuent à chaque instant pour des buts financiers.


Diviser pour régner (suite)

C'est une manière parfaitement égoïste et cynique, voire antagoniste de vivre que normalisent, par une incessante propagande, toutes sortes d'acteurs culturels. Ils ont vocation à propager une culture d'affrontement systématique. Les films américains. La publicité. Le « journal télévisé », le « débat radiophonique », le discour des hommes politiques, ...mais aussi par exemple Youtube, qui a dorénavant vocation au profit et au sensationnel, et dont les résultats deviennent tout un flot de leaders de l'irrationnel, lesquels propagent des thèses antagonistes impossibles à débattre, ce sont autant de faiseurs d'« opinions » toutes faites, tels que ceux d'extrême-droite ou de l'islam, tous surgissant en nombre d'on ne sait où à d'anodines requêtes... Donc tous ces médias dominants œuvrent à abrutir, à diviser, à opposer. Ils font du sensationnel et du retentissement même le moyen de leur audience. Et qu'est-ce que le sensationnel le plus direct, sinon l'affrontement ? N'est-ce pas l'arène où combat le coq humain jusqu'à la mort ? N'est ce pas un obscurantisme où sombre le cerveau ? L'antagonisme magique est le message principal véhiculé par les puissants ; qu'il s'agisse des politiciens devenus populistes ou des intérêts financiers, ils diffusent une vision du monde antagonique identique à la vision binaire fasciste du monde. Ces populismes veulent mouvoir la masse à leur profit en l'agitant des pires instincts. Et cette tendance généralisée aux antagonismes est précisément ce qui réalise le fascisme dans son essence même.

A présent, sous l'effet de tant de propagandes binaires, un véritable terrorisme intellectuel se répand partout au sein des masses mêmes, qui vise à écraser toute discussion ouverte, toute réflexion collective possible, comme toute possible auto-organisation du prolétariat. Nous assistons ainsi à l'effondrement des valeurs mêmes de la modernité, sabotage orchestré par les dirigeants dans le seul but de maintenir le plus possible leur hégémonie sur une Biosphère déjà malade (laquelle ne peut plus souffrir longtemps le chancre décisionnel hiérarchisé).

Tous ces puissants s'emploient à propager un seul message, au fond : dresser les uns contre les autres. Être seulement « pour ou contre », ce qui interdit donc de réfléchir et de pouvoir construire. A cela, il leur faut que l'individu se fonde, s'abolisse dans une « identité » commune. Quand on dit par exemple « nous les français » ou « nous les croyants », « nous les contribuables », cela ne nous définit jamais que comme exécutants, et non comme êtres humains aptes à échanger et à construire ensemble un monde meilleur en devenant acteurs décisionnels de nos propres affaires.

De sorte que tous ces « nous », qui visent à faire renoncer à tout humanisme et à toute liberté individuelle, sont vraiment le signe évident de la descente des valeurs universelles et du progrès humain, le signe évident du sabotage et du pillage réalisé par les grands intérêts financiers, religieux ou populistes du monde entier. Dorénavant, tous ces clientélismes qui s'accaparent d'immenses moyens de propagande, toutes ces maffias, sont celles qui veulent de concert détruire toute notion même résiduelle d'état de droit et de république, et ainsi nous plonger dans un nouvel âge barbare et sanglant, car bien sûr ils n'auront jamais de cesse de broyer le civil innocent pour perpétuer leurs insatiables crimes.


Conclusion

Les humanistes véritables savent que tout « nous » proprement humain se construit dans l'autonomie de soi comme des autres, c'est-à-dire dans le respect de la manière de vivre d'autrui, si ce respect est réciproque. Que le moyen de la libération pour un monde meilleur est l'idée de l'entraide et de la coordination des groupes les plus divers. L'intérêt est que toute personne est potentiellement d'un apport essentiel à une construction commune. Et l'humanisme est aussi une foi en l'être humain qui nous demeure, seule foi compatible avec la raison et qui l'accompagne et la défend contre la barbarie.

La présente analyse peut sembler longue, mais, sans ces considérations, on ne peut vraiment rien comprendre de tout ce qui peut se jouer à notre époque. D'ailleurs c'est bien le but des médiats, y compris des réseaux sociaux centralisés, empêcher le prolétariat d'atteindre à quelque compréhension véritable, à une réflexion autonome et au consensus.

Éclore comme une lueur de la concorde universelle

Le secret est en toi qui est flamme même en la ténèbre. Quand une flamme demeure telle le soleil en l’aire obscure, quand elle traverse is...